Quelle douche froide… Alors que la plupart des défenseurs des animaux
plaçaient leurs espoirs dans la nomination de Nicolas Hulot, celui-ci
cosignait, le 14 juin, avec le ministre de l’Agriculture Jacques Mézard,
un arrêté autorisant l’abattage de 2 loups supplémentaires.
Cette décision porte ainsi à 40 le nombre d’animaux pouvant être
tués sur une année. « Non seulement c’est une cruelle entrée en
matière, mais c’est d’un illogisme total, écrit Brigitte Bardot dans
une lettre adressée au ministre de la Transition écologique et
solidaire. Vous ne pouvez pas prendre la responsabilité d’un
abattage partiel, par-ci par-là d’une espèce protégée. Cela ne servira
à rien tant que vous n’êtes pas assuré que les éleveurs-bergers ont
pris les dispositions nécessaires pour protéger leurs troupeaux
(y compris des chiens errants) ». Dans son courrier, la star française
demande à Nicolas Hulot de revenir sur sa décision et rappelle
qu’ « une espèce protégée doit être protégée, surtout par un
ministre sur lequel nous avons fondé tant d’espérance ».
La France compte à peine 360 loups aujourd’hui, « ce qui est
peu au regard de l’espace forestier qui pourrait en compter
bien d’avantage, relève Christophe Marie, porte-parole de la
Fondation Brigitte Bardot. On ne peut pas indéfiniment répéter
les erreurs passées : tirer sur les loups ne fait que fractionner
les meutes et étendre leur territoire. C’est la pire des politiques
en matière de gestion des populations. Partout où cet animal
est présent, la biodiversité y gagne, pourquoi la France
devrait-elle faire exception ?
Durant la saison juillet 2016-juin 2017, 48 loups sont morts,
dont 38 dans le cadre de l’arrêté ministériel, les 10 autres
ayant été tués accidentellement (souvent par piégeages).
« Avant d’autoriser les massacres, le b.a.-ba serait
d’ordonner une enquête afin de vérifier les équipements des
éleveurs d’ovins et de caprins et de savoir si toutes les
mesures de protection des troupeaux sont réellement mises
en place, poursuit Christophe Marie. Car la vraie problématique,
elle est là. Il existe pourtant des solutions simples et peu
onéreuses. Le Turbo Fladry*, par exemple, a largement fait
ses preuves aux Etats-Unis. Il s’agit d’un système de dissuasion
composé d’un fil à très faible tension électrique sur lequel
sont fixées des bandelettes de tissus ou de plastique ».
Sous l’impulsion du collectif Cap Loup, de nombreuses
personnalités (Brigitte Bardot, Hélène de Fougerolles, Yann
Arthus-Bertrand, Jacques Perrin, Guillaume Meurice …) se
mobilisent pour demander la fin de l’abattage et appellent tous
les citoyens à poster leur photo munie de la pancarte
« Stop aux tirs de loups ». Dans l’espoir d’en finir avec les
croyances moyenâgeuses où tout est bon pour sortir les
armes plutôt que de mettre en place une vraie politique de
cohabitation intelligente.
40 loups pourront être abattus jusqu'en 2018, d'après le décret pris
par le ministre de la Transition écologique et solidaire et le ministre
de l'Agriculture.
Signé conjointement par Nicolas Hulot et Stéphane Travert, l'arrêté
ministériel "fixant le nombre maximum de spécimens de loups
dont la destruction pourra être autorisée pour la période 2017-2018"
a été publié au Journal officiel jeudi matin.
Le texte élève ainsi le plafond légal de 4 animaux par rapport aux
36 de la saison dernière.