Ce 7 février, les éleveurs se sont mobilisés devant la sous-préfecture de Château-Chinon 2025
"À chaque fois, c’est le loup qui gagne” : excédés, des agriculteurs suspendent des cadavres de brebis devant une sous-préfecture
“Le loup n’a pas sa place chez nous. On ne peut pas avoir un animal protégé qui se promène au milieu de ses proies”, explique Bernard, président de la FDSEA58.
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"Le territoire souffre"
Depuis le début de l’année 2025, il dénombre une douzaine de brebis décédées des suites d’une attaque de loup dans le département. “Le territoire souffre. Je vois des éleveurs fatigués, anéantis. Ça me désespère”, souligne le syndicaliste, avant d’ajouter :
Dans le département, entre 250 et 300 agriculteurs possèdent au moins un élevage ovin. Et tous se protègent comme ils le peuvent des attaques de loups. Comme la réglementation le recommande, ils installent des grillages électrifiés autour de leurs élevages. Mais parfois, ça ne suffit pas. Alors tous les moyens sont bons.
“J’ai un ami qui a deux enclos de 45 – 50 brebis. Après l’attaque, il a été obligé de les regrouper dans un seul pour mieux les protéger. Le problème, c’est qu’elles se sont battues entre elles. Il y a ce risque”, explique l'éleveur. Son collègue a perdu l’une de ses brebis dans la nuit du 7 au 8 février 2025.
Un problème de réglementation
Et pas question d’aller à la chasse au loup ! Ils n’ont tout simplement pas le droit, le loup étant une "espèce de faune protégée" au sens de la Convention de Berne. “On doit attendre d’être attaqué pour se défendre”, critique Emmanuel Bernard.
La préfecture peut solliciter une opération de tirs de défense simple uniquement lorsqu’elle est en mesure de constater une attaque de loups.
Premièrement, on doit contacter l’Office français de la biodiversité (OFB) afin qu’il nous confirme que le loup n’est pas écarté. Il y a aussi des prédations de chiens tchèques. Ensuite, on doit définir si l’éleveur est bien protégé [s’il dispose de barrières électrifiées, ndlr]. Et là, on peut opérer des tirs de défense.
Ces tirs de défense sont réalisés par des lieutenants de louveterie, bénévoles, ou des chasseurs habilités.
“On veut déclencher une prise de conscience des élus"
“Les agriculteurs connaissent la réglementation, sauf qu’à chaque fois, c’est le loup qui gagne”, renchérit l'éleveur. Aujourd’hui, des éleveurs, sur le qui-vive, réclament un changement de la réglementation. “On veut déclencher une prise de conscience des élus. La réglementation doit permettre aux éleveurs de se défendre autrement”, affirme Emmanuel Bernard, justifiant la mobilisation de vendredi devant la sous-préfecture.
Il comprend bien que la préfecture "fait tout son possible” pour leur venir en aide, “mais on voit qu’ils sont limités”, avoue-t-il. Limités par une réglementation établie par le gouvernement que les syndicats espèrent interpeller avec cette action.
“On a conscience que le niveau de prédation est fort aujourd'hui dans la Nièvre et on sait que c’est pour les éleveurs un véritable sujet. La réglementation est faite pour les zones montagneuses et moins pour les autres territoires comme la Nièvre où il y a des parcelles morcelées”, souligne Fabienne Decottignies, la préfète.
En attendant que la réglementation évolue, la préfète invite les éleveurs à répondre à l’appel à projet ouvert jusqu’au 31 juillet 2025. Il permet aux personnes éligibles d’être remboursé à hauteur de 80 % sur l’installation de filets électriques autour de leurs enclos.
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