Formée chez un dresseur pour le cinéma
Béatrice Gérardot a suivi un stage en immersion avec Francky Estrade,
dresseur de loups pour le cinéma. 13 01 2018
Le Grand Nord, les Inuits et les loups ont toujours fasciné Béatrice Gérardot, qui aurait
aimé être vétérinaire. Infirmière de métier, elle exerçait au centre hospitalier de Niort
avant de prendre sa retraite. « Je me suis toujours dit que lorsque ce moment viendrait, je
réaliserai mon rêve. » Forte de sa formation initiale, la Deux-Sévrienne participe pendant
six mois à des stages en immersion au contact des loups. Notamment à Zoodyssée (Chizé),
mais surtout chez le célèbre dresseur de loups Francis Estrade, dit Francky.
Expert des loups dans le cinémaAlors propriétaire de la Louverie du Castel, dans le Var,
l’homme était reconnu comme l’expert français des loups par la profession du cinéma
(ses loups se sont notamment produits dans « Le Pacte des Loups » ou « Belle et Sébastien »).
Intense, l’expérience conforte Béatrice Gérardot dans son choix.
Au décès du charismatique dresseur en 2016, treize canidés sont à placer. Béatrice en
récupère deux, Wotan et Shiva. « J’aurais tellement voulu garder toute la meute… »,
regrette-t-elle encore émue en se remémorant les moments partagés avec eux lors de
son stage. « Ils se seraient retrouvés. Ils ont une mémoire à toute épreuve, vous savez. »
Loups dits « imprégnés » au contact de l’homme sitôt leur naissance, Wotan, Shiva et
leurs semblables ne peuvent être réintroduits en milieu naturel. « Pour ces loups, il y
a deux issues. L’euthanasie ou être confiés à un centre de soins habilité. » Or, ces derniers
Deux refuges en FranceA Lescouët-Gouarec, dans les Côtes-d’Armor, l’association
Lupi-les Loups de Coat Fur, créée en 2006, compte dans son refuge dix-sept pensionnaires
en provenance de tout l’Hexagone. Ils y ont été placés suite à des demandes émanant
de professionnels ou de parcs animaliers, mais aussi suite à des saisies de justice (1).
Le Sanctuaire de Béatrice serait donc le deuxième du genre en France, avec une
capacité d’accueil de 32 animaux (16 loups et 16 hybrides de loups).
(1) A Château-Gontier, en Mayenne, le Refuge de l’Arche accueille également, parmi
des centaines d’autres animaux, quelques loups saisis par les autorités (police,
douanes, office national de la chasse, services vétérinaires, gendarmerie).
Les loups coulent une retraite paisible à Frontenay
Wotan, ici au réveil de la sieste, est arrivé au Sanctuaire des loups avec sa sœur le 29
avril 2017.
Béatrice Gérardot a crée un refuge pour sauver de l euthanasie des loups saisis par les
autirités ou retraités du spectacle.
Pleine lune ou non, il n’est pas rare d’entendre des hurlements de loups du côté de Frontenay-
Rohan-Rohan. Truffe pointée vers le ciel, Wotan et Shiva donnent régulièrement un petit
récital audible à une dizaine de kilomètres à la ronde. « Les voisins nous disent qu’ils ont
l’impression d’être en pleine montagne ! » lâche Béatrice Gérardot de Sermoise qui, avec son
conjoint Wilfrid, fournit gîte, couvert et papouilles aux deux loups.
Accueillis depuis le 29 avril 2017, Wotan et Shiva sont les premiers pensionnaires du
Sanctuaire des loups, aménagé au sein même de la propriété familiale. Agés de 10 ans
et appartenant à la même fratrie, ils ont sillonné l’Hexagone dans le cadre de spectacles
et reconstitutions médiévales. Wotan, 50 kg, a également joué dans un spot publicitaire
pour un opérateur téléphonique.
“ Je n’oublierai jamais son regard ”Béatrice se souvient parfaitement du jour où les canidés ont
foulé pour la première fois son terrain : « Quand Wotan est descendu du camion, on aurait dit
qu’il connaissait le territoire. Il était chez lui. C’était un moment magnifique…
Quant à ma “ Shishi ”, je n’oublierai jamais son regard lorsque peu de temps après son arrivée,
elle m’a vu m’éloigner. Il disait : alors toi aussi maintenant, tu vas m’abandonner ».
L’enclos de Wotan et Shiva s’étend sur 1.600 m2 (la loi impose une surface minimale de
100 mètres carrés pour un couple de loups). Avec un étang pour se rafraîchir, un promontoire
pour dominer son environnement et une tanière pour l’intimité. Côté voisinage, des poules,
deux paons, une famille de cygnes. Sans oublier Ienna, Grishka et Feel, les chiens-loups de
Saarloos ; Devack, le Tchécoslovaque, et les hybrides de loup, Mika et Faïa.
Pendant que les jeunes Nils et Nemysse, véritables peluches vivantes, s’ébattent dans les feuilles,
Béatrice dessine du bras les futurs enclos. Avec ses cinq hectares boisés, sillonnés par des
cours d’eau et bordés par la Courance, elle rêve en effet d’offrir à Frontenay-Rohan-Rohan
« une retraite digne, paisible et heureuse » à d’autres loups. Ici, pas question de reproduction
ni de commercialisation. Fascinée par ces animaux depuis toujours (lire par ailleurs),
la propriétaire n’a qu’une ambition : « Préserver le lien affectif que ces loups imprégnés
ont vis-à-vis de nous, tout en leur redonnant ce goût de la vie sauvage dont ils ont été privés ».
j ai oublie de vivre
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