LOUP DE MON COEUR

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Lot. « On tue ce loup demain, il y en aura un autre dans un ou deux ans » 20 02 2023

Bertrand Gouraud, maire de Vaylats, est le référent de l'association FERUS sur le Lot. Il estime que la cohabitation avec le loup est tout à fait possible.

 

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Une louve s’est installée sur les causses du Lot. Bertrand Gouraud, référent de l’association FERUS sur le Lot, estime que la cohabitation est tout à fait possible. (©Photo d’illustration A. Kohler-FERUS)

 

Bertrand Gouraudmaire de Vaylats, est le référent de l’association FERUS sur le Lot. Il estime que la cohabitation avec le loup est tout à fait possible.

 

FERIS est l’association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs (loup, ours et lynx).

 

FERUS siège au comité départemental loup du Lot

L’association FERUS faisait partie des associations de protection de la nature, au même titre que l’ASPAS, France Nature Environnement et la LPO, qui ont siégé au comité départemental loup du 7 février. Comité durant lequel les éleveurs ovins ont témoigné de leur détresse. Plusieurs d’entre eux font l’objet d’une aide psychologique depuis le retour du loup dans le département. « Les éleveurs sont surpris par l’intensité des prédations. Ils sont mal préparés et ne savent pas comment réagir à cette prédation si intense. Je suis moi-même éleveur. Je comprends bien ce que vivent ces éleveurs, leur détresse. Il est urgent de se mettre autour de la table pour trouver des solutions » explique Bertrand Gouraud.

 

D’autant que la présence du loup dans le Lot risque de s’inscrire dans la durée. Alors que le loup avait disparu depuis 100 ans, il faut désormais réapprendre à vivre avec lui. Bertrand Gouraud estime que c’est tout à fait possible. 

 

« On ne peut pas éliminer tous les prédateurs sous prétexte qu'ils nuisent à l'activité humaine. 

Nous sommes contraints de partager les mêmes territoires. »

 

Évoquant la brigade mobile d’intervention attendue à la fin du mois, Bertrand Gouraud estime que tuer la louve des causses n’est pas la solution, et n’aura pour effet que de retarder le problème. « On tue ce loup demain, il y en aura un autre dans un ou deux ans. C’est inacceptable à entendre pour les éleveurs, et pourtant c’est ce qui va se passer. » Il préconise les mesures d’effarouchement (balles en caoutchouc…). « Il faut éduquer le loup à respecter les distances des troupeaux et à craindre l’homme. Un loup mort ne va rien enseigner aux autres. Un loup effarouché va enseigner la crainte des humains. »

 

 

Le Lot, un frigo ouvert pour la louve

Le loup n’est pas programmé pour manger de la brebis, mais du chevreuil, du cerf, du sanglier, du lapin… Vu les pratiques d’élevage dans le Lot, la louve a sauté sur l’occasion. « Le loup est un animal opportuniste, il va au plus facile. C’est ce qui se passe dans le Lot, vu le nombre de brebis en plein air. C’est comme si le frigo était ouvert, il y a de la nourriture à profusion. Ça ne va pas. Il va falloir impérativement changer quelques habitudes. »

 

L’État met en place des aides financières pour permettre aux éleveurs de s’équiper (chiens, clôtures…). Un appel à projet est ouvert jusqu’au 31 juillet 2023. « A priori seuls deux éleveurs ont monté un dossier pour des chiens de protection. Accepter la mise en place de chiens, c’est accepter la présence du loup. Il faut que les idées fassent leur chemin, que les éleveurs prennent la mesure du problème et des solutions à mettre en place. »

 

 Pour le référent FERUS, la profession n’a pas d’autre choix que de modifier ses façons de travailler. « Les pratiques ne sont pas figées. Il y a 30 ans ce n’étaient pas les mêmes, dans 30 ans ce ne seront pas les mêmes. Il faut les faire évoluer pour une meilleure protection des troupeaux. »

Du temps perdu et un manque d’anticipation

Bertrand Gouraud regrette le temps perdu et le manque d’anticipation. Le Lot savait que l’arrivée du loup – présent depuis de nombreuses années en Aveyron, en Lozère, dans le Tarn… – était inéluctable. Il rappelle qu’en 2018, la Chambre d’agriculture du Lot avait réalisé une étude d’impact sur la vulnérabilité des éleveurs par rapport à la présence du loup. « Depuis 2018, il n’y a pas eu grand-chose. »

L’éleveur, qui a lui-même un chien de protection, précise qu’il faut près de 3 ans pour former un chien.

 

Tout en reconnaissant que le sujet est « délicat » et dans une volonté d’apaiser le dialogue entre éleveurs et associations de défense de la nature, Bertrand Gouraud se dit prêt à participer à une réflexion pour trouver les mesures de protection les plus adaptées au Lot, à sa topographie et aux pratiques d’élevage, afin de limiter les attaques. Les mesures de protection qui fonctionnent en montagne ne sont pas spécialement adaptées aux causses du Lot. « Les solutions, on les trouvera dans le compromis, la discussion, la réflexion en commun. »

 

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23/02/2023
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