LOUP DE MON COEUR

La ferme des animaux stars

Les volatiles qui sèment la panique dans « les Corbeaux »,

thriller dont TF 1 diffuse ce soir la seconde partie, ont été

dressés en Ile-de-France, chez Pierre Cadéac, qui fait jouer

ses nombreuses bêtes sur les écrans français.

A peine franchie la porte de cette « propriété privée », un loup ne vous

quitte plus des yeux, derrière un grillage qui semble très facile à franchir.

Seuls les metteurs en scène connaissent ce drôle de zoo, au fin fond de la

Seine-et-Marne : après Fontainebleau, on traverse la forêt, un village

et un hameau , avant d'arriver à la ferme isolée qui abrite la société Fauna et Films.
Pierre Cadéac, le dresseur d'animaux aux « 3 000 films », des vautours de

« Gladiator » de Ridley Scott aux « Corbeaux » de TF 1 (ce soir à 20 h 45),

cultive la discrétion : « Avec nos stars à plume et à poil, on serait sans arrêt dérangé.

»
Parmi ses animaux, certains lui ont été donnés, comme les loups, i ssus d'un

parc zoologique où il travaillait adolescent. Il en a acheté d'autres :

« Pour ceux qui sont nés en captivité, c'est autorisé. »

« Mes enfants font du cheval dessus !

Le renard du « Renard et l'Enfant » fait sa sieste, dans son enclos. L'ours du remake

de « l'Auberge rouge », Ben, nous regarde un peu trop fixement : « C'est un amour.

Il est super-sympa, mes enfants font du cheval dessus ! Allez-y, entrez. » Vrai

qu'il ressemble à une énorme peluche, mais on renâcle. Le patron insiste : « On va

faire une photo, il va poser ses pattes sur vos épaules. » L'ours ouvrira même grand

sa gueule, sur un simple mot de son dresseur. Ces prédateurs semblent trop

bienveillants pour être honnêtes.
Maintenant, leur maître nous pousse presque dans le territoire des loups, un

monticule entouré d'un rectangle herbeux : « Entre eux, ils se bagarrent durement.

Une fois, les loups du Canada se sont échappés vers l'enclos des loups blancs : il a

fallu recoudre… Mais vous, vous ne risquez rien. Laetitia Casta a passé un mois

ici pour la Jeune Fille et les loups. 

Au début, elle était un peu inquiète, et après, elle a adoré. En plus, elle n'est pas

du genre à avoir peur du pipi-caca. » Tiens, c'est vrai : des excréments d'ours

aux crottes du renard, mieux vaut regarder où l'on pose ses pieds, sans quitter nos

nouveaux amis des yeux.
Un peu plus loin, deux vautours s'accouplent dans un râle bref et strident :

« Merveilleux ! » lance Cadéac. Son pélican, lui, fait des tours dans le ciel avant de

revenir se poser au milieu de la ferme.

« Quand on a l'habitude, on perçoit les dangers »

Avec son accent du Sud-Ouest, ce Pyrénéen qui a grandi dans les montagnes et

a possédé son premier faucon à 12 ans, s'avoue presque indemne en vingt-cinq

ans de métier : « J'ai été attaqué par un puma, une fois. Je suis sorti de la cage

comme un arrosoir percé », rigole-t-il franchement au souvenir de ses blessures.

« Quand on a l'habitude, on perçoit les dangers, les limites, dans la façon dont

l'animal vous regarde, c'est une chose qu'on ressent mais qu'on ne peut

expliquer. Le plus imprévisible, c'est le cerf. Il est impavide, ne montre aucune

émotion, et va vous clouer d'un coup au grillage ! Laetitia Casta, qui ne me quitte

plus, vient de tourner dans un film de Tsai Ming Liang avec Automne, mon

cerf. C'est une véritable star : Guillaume Canet l'adore, il lui a fait jouer de petits

rôles dans Ne le dis à personne et Mon idole. »
Mais la crise n'épargne pas le cheptel de Pierre Cadéac : « Avant, on tournait deux

ou trois pubs par semaine. Une période révolue. C'est même inquiétant », lâche le

patron de cette société de neuf salariés. A TF 1, en tout cas, une commande en

suit une autre : après « les Corbeaux », la production de « Femmes de loi » a demandé

un loup, pour visualiser les cauchemars d'un enfant dans un épisode à venir.