« Un loup au milieu de la route ? On ne s'y attend vraiment pas ». C'est une drôle d'expérience vécue mercredi 8 avril, vers 22 h 30, par Matthieu, chauffeur de taxi de Dijon. Transportant un client sur la route départementale reliant Autun à Château-Chinon, Matthieu voit, deux kilomètres avant Arleuf, surgir dans ses phares le profil caractéristique de l'animal sauvage. « Au départ, on s'est demandé si ce n'était pas un chien. »
Comme le poursuit son passager, David, habitant dans l'agglomération de Nevers : « C'était vraiment surprenant. On sait qu'il y a des loups dans la région, mais on s'attendait plus à observer un chien errant. À sa façon de réagir, nous avons tout de suite compris que ce n'était pas ça. Il se déplaçait en dansant sur la route, parfaitement libre de ses mouvements. Avec son pelage magnifique, c'était un spectacle très beau à observer. »
En rien craintive, la bête ne prend pas la fuite à l'arrivée du véhicule. « Malgré les coups de klaxon, elle ne s'est pas poussée. » Le temps pour le chauffeur de taxi de s'arrêter et de prendre quatre clichés : « Fenêtres fermées, nous n'avons pas du tout eu peur. C'était vraiment une très belle expérience » et bien sûr une première.
Les quatre photos prises au moyen d'un téléphone portable ne sont vraiment pas de bonne qualité. Elles permettent cependant à Michel Huet, naturaliste installé dans l'Yonne, de confirmer qu'il s'agit bien d'un loup et non d'un chien. En juillet 2019, c'est notamment ce spécialiste reconnu qui avait pu affirmer que l'attaque d'un troupeau à Asnières-sous-Bois (Yonne) était bien le fait de cet animal sauvage.
« Ce que je vois sur ces images de très très faible qualité évoque en effet un loup : sa position sur la route, tranquille, sa livrée qui passe en bas du très clair au très sombre sur le dos. Ses oreilles semblent courtes comme celles du loup. La zone labiale est très claire. Tout cela me fait effectivement penser au loup. »
Une telle présence dans le Morvan ne le surprend pas. « Cet animal est aujourd'hui très à l'aise en France. Sa première réapparition a été recensée au début des années 1990, dans le Parc national du Mercantour, lors d'un comptage de mouflons. Il s'agissait de loups qui venaient d'Italie. Ces animaux bougent énormément, ils peuvent parcourir de 60 à 70 km par jour en utilisant les voies tracées par les hommes, sentiers ou bords de route. Tant qu'un loup n'a pas trouvé de meute, il se déplace. C'est un animal fascinant, extraordinairement intelligent. Mais je tiens à rassurer tout le monde, le loup n'attaque pas l'Homme. Il vous regarde, c'est tout. Les attaques recensées dans le Morvan, il y a un siècle ou deux, étaient le fait de loups enragés. C'est cette maladie qui les a rendus agressifs. »