Le loup, toujours parmi nous 30 ans après sa réapparition 15 11 2022
Il est le grand méchant de nos contes d'enfant, la mère des fondateurs de Rome et surtout il fête cette année sa réapparition sur le sol Français. Depuis 1992, les loups prolifèrent et donnent du fil à retordre à de nombreux éleveurs. Faisons le point dans les départements du Var et des Alpes-Maritimes.
Nous sommes le 5 novembre 1992, dans le parc national du Mercantour. C’est précisément ici que depuis leurs jumelles, deux gardes moniteurs et un agent de l’Office national des forêts aperçoivent deux loups.
Ce sera la première observation officielle en France depuis soixante ans puisque l'on avait, jusqu’alors, perdu leurs traces depuis 1937. Ces canidés seraient venus spontanément d'Italie. Animal craint ou même admiré, la création en juin 2005 du parc Alpha à Saint-Martin-Vésubie a donné l'occasion aux promeneurs de venir les contempler.
Depuis sa réapparition, son nombre ne fait que croître. On estime dans les Alpes-Maritimes à 120 le nombre d'animaux présents réparti en vingt meutes qui peuplent le territoire. Dans le Var, dix-sept meutes auraient été recensées. Chacune d'entre elles compte en moyenne six loups, avec une hiérarchie bien particulière, comprenant les alpha, bêta, gamma, delta et oméga.
Chasser ou être chassé
Comme la bête du conte des frères Grimm, le loup effraie les éleveurs ovins victimes des attaques qu'il perpétue. Et s'il est vrai que la présence de l'animal se développe, Louis Bernard, le directeur de l'office français de la biodiversité dans les Alpes-Maritimes, confie que "les attaques se sont stabilisées". Elles auraient même baissé grâce aux tirs de défense. Les préfectures dénombrent 10 loups abattus dans le Var en 2021, contre 31 dans les Alpes-Maritimes, département où ils sont le plus tués.
"La dernière fois, un loup a tué 17, voire 27 brebis pour n'en consommer qu'une", lance Christian Menut, éleveur dans le Var. C'est bien là tout le problème puisque ce "super-prédateur" ne craindrait pas les clôtures, comme l'explique l'éleveur. Le rapport de forces est donc l'unique moyen de lutter contre l'animal qui demeure sans prédateur dans la nature. Une véritable hantise pour les éleveurs, dont certains s'arment de fusils comme seul moyen de défense pour éviter de perdre un nombre conséquent de brebis, d'autres y renoncent, épuisés par la situation.
"Moi je suis chasseur mais ce n'est pas mon métier de tuer le loup. Je veux leur faire peur par ma présence", ajoute-t-il. Si le loup peut être chassé par ces éleveurs, il reste une espèce protégée par la Convention de Berne de 1979 à l'échelle européenne. Elle vise à "assurer la conservation de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels", selon la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe publiée dans le journal officiel de l'Union européenne.
Des meutes réparties sur l'entièreté du territoire
En effet, selon le spécialiste, cet animal territorial a déjà réussi à peupler la quasi-entièreté de nos départements. Les jeunes loups, mécontents de leur position hiérarchique dans la meute, préfèrent se déplacer ailleurs, créant ainsi un phénomène migratoire. "On le voit déjà, les loups sont partout en France", expose-t-il. De quoi laisser imaginer que nos départements déjà bien peuplés risque de se stabiliser en nombre de bêtes. Dans le Var, on compte actuellement 21 zones de présence permanente. Selon la préfecture, 3 zones supplémentaires sont en surveillance. Entre 2020 et 2021, dans les deux départements, le nombre de victimes était en baisse avec respectivement 1828 et 1361 bêtes tuées.
Mais face à la menace qui pèse sur les élevages, Christian Menut exprime le découragement des jeunes. "Quand vous élevez des bêtes, ce n'est pas pour les voir se faire tuer par des loups. On les aime. Donc oui, on voit des jeunes ne pas reprendre les élevages de leurs pères", déplore-t-il. D'autant plus que d'après Louis Bernard, les loups privilégient désormais les attaques de jour, habitués à ce que les troupeaux soient parqués la nuit.
Si Christian Menut aimerait que les chasseurs de sangliers deviennent les prédateurs de ses ennemis les loups, pour l'heure il n'en est rien. Le "lupus" n'est pas près d'arrêter de fouler nos vallées.
A découvrir aussi
- Détention illégale. Sept louveteaux trouvent refuge en Bretagne
- Formée chez un dresseur pour le cinéma
- Un héros risque sa vie pour sauver un lion et un loup 26 03 2022
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 89 autres membres